Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/133

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Tu as raison.

Ainsi nous devrons rejeter encore ces noms odieux et formidables de Cocyte, de Styx, de Mânes, d’Enfers et d’autres du même genre, qui font frémir ceux qui les entendent prononcer. Peut-être ont-ils leur utilité sous quelque rapport : mais nous craignons que la frayeur qu’ils inspirent n’ôtent tout sang-froid aux guerriers, et n’amollisse leur courage.

Notre crainte est bien fondée.

Alors nous devons les supprimer.

Oui.

Et les remplacer dans le simple discours et dans la poésie, par des noms formés dans un esprit tout opposé.

Cela est évident.

Nous retrancherons aussi ces lamentations et ces regrets qu’on met dans la bouche des grands hommes ?

Nous y sommes obligés pour être conséquens.

Voyons auparavant si la raison désavouera ou non cette mesure. Nous disons que le sage ne regardera point la mort comme un mal pour un autre sage qui est son ami.

Oui, nous le disons.

Il ne gémira pas sur lui comme s’il était malheureux.

Non.