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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/144

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ne puissent pas faire l’un et l’autre à la fois. Défendons aussi toute tentative pour persuader à la jeunesse que les dieux engendrent de mauvaises choses, et que les héros ne valent pas mieux que les hommes. Ces discours, nous le disions tout à l’heure, blessent à la fois la religion et la vérité : car nous avons montré qu’il est impossible que rien de mauvais vienne des dieux.

Certainement.

De plus, ces discours sont dangereux pour ceux qui les écoutent. Quel homme, en effet, ne se pardonnera ses propres crimes, s’il est persuadé qu’il n’est pas plus coupable que


… Les vrais enfans des dieux,
Tout proche de Jupiter, qui ont, au sommet de l’Ida,
Leur autel paternel, dans les pures régions de l’air,
Et qui portent encore dans leurs veines le vrai sang des immortels[1] ?


Ces raisons nous obligent à ne plus permettre de pareilles fictions, de peur qu’elles ne produisent dans la jeunesse une malheureuse facilité à commettre le crime.

Oui, sans doute.

  1. Lucien, qui cite le commencement de ces vers, les attribue à un poète tragique qu’il ne nomme pas. Voyez l’Éloge de Démosthènes, t. III, c. 13, p. 501 de l’édit. de Reitz.