Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/174

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cité rend l’ame sage ; dans la gymnastique, elle rend le corps sain.

Cela est très vrai.

Mais dans un État où abondent le déréglement et les maladies, il faut bien que des tribunaux et des hospices s’ouvrent en grand nombre, et la chicane et la médecine sont bientôt en honneur, lorsque une foule de citoyens bien nés se livrent à ces professions : n’est-ce pas ?

Certainement.

Est-il dans un État une marque plus sûre d’une mauvaise éducation que le besoin de médecins et de juges habiles, non seulement pour le bas peuple et les artisans, mais encore pour ceux qui se piquent d’avoir reçu une éducation libérale ? N’est-ce pas une chose honteuse et la preuve frappante d’un défaut d’éducation de faire les autres ses maîtres et ses juges, et d’être forcé d’avoir recours à une justice d’emprunt, faute d’être juste soi-même ?

Rien n’est plus honteux.

Ne l’est-il pas encore plus non seulement de passer la plus grande partie de sa vie devant les tribunaux à poursuivre et à soutenir des procès, mais même d’en venir par la bassesse de ses sentimens à tirer vanité de savoir être injuste, et de pouvoir éviter, à travers mille détours et par toutes sortes de feintes, comme un lutteur habile,