Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/175

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le châtiment que l’on mérite, et cela dans la vue d’un misérable intérêt, parce qu’on ne voit pas combien il est plus beau et plus avantageux de se conduire dans la vie de manière à n’avoir jamais besoin d’un juge qui s’endort sans cesse ?

Oui, cela me paraît plus honteux encore.

D’un autre côté, recourir à l’art du médecin, non pour des blessures ni pour quelque maladie produite par la saison, mais grace à cette vie molle que nous avons décrite, et qui nous remplit d’humeurs et de vapeurs malsaines comme des marécages, mettre les dignes enfans d’Esculape dans la nécessité d’inventer pour nous les mots nouveaux de fluxions et de catharres, n’est-ce pas là encore une chose honteuse à ton avis ?

En effet, Socrate, ce sont là des noms de maladie nouveaux et extraordinaires.

Comme il n’en existait pas, je pense, du temps d’Esculape. Ce qui me porte à le croire, c’est que ses deux fils[1], au siége de Troie, ne blâmèrent point la femme qui donna pour breuvage à Eurypyle blessé du vin de Pramne, sur lequel elle avait répandu de la farine et du fromage râpé, toutes choses propres à engendrer la pituite, ni Patrocle qui guérit la blessure avec des simples[2].

  1. Machaon et Podalire. Voyez Iliade, II, 729.
  2. Platon, qui cite de mémoire, confond et altère deux