Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/176

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Il était étrange cependant de donner ce breuvage à un homme blessé.

Il ne l’était pas, si tu fais réflexion qu’avant Hérodicus[1], l’art de conduire et en quelque sorte d’élever les maladies, qui est la médecine actuelle, n’était point, dit-on, mis en pratique par les disciples d’Esculape. Hérodicus était maître de gymnase : devenu valétudinaire, il a fait de la médecine et de la gymnastique un mélange, qui servit à le tourmenter surtout lui-même, et bien d’autres après lui.

Comment donc ?

En lui ménageant une mort lente ; car, comme sa maladie était mortelle, il la suivait pas à pas sans pouvoir la guérir, et négligeant tout le reste pour la soigner, dévoré d’inquiétudes pour peu qu’il s’écartât de son régime, de sorte qu’à force d’art il parvint jusqu’à la vieillesse dans une vraie agonie.

Son art lui rendit là un beau service.

Il le méritait bien, pour n’avoir pas vu que si Esculape n’enseigna pas à ses descendans cette médecine, ce ne fut ni par ignorance ni par dé-

    endroits très distincts de l’Iliade, l’un, XI, 623 ; l’autre, ibid., 829.

  1. Voyez le Protagoras, t. III, p. 26, et le Phèdre, t. V, p. 1. Il est question dans le Gorgias, t. III, p. 185, d’un autre Hérodicus, que l’on a quelquefois confondu avec le premier.