Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/181

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avis, disent qu’Esculape était fils d’Apollon, et qu’ayant consenti, gagné à prix d’or, à guérir un homme riche qui se mourait, il fut frappé de la foudre[1]. Pour nous, d’après un principe que nous avons reconnu précédemment, nous n’admettrons pas à la fois les deux parties de ce récit. Si Esculape était fils d’un dieu, dirons-nous, il ne convoitait point un gain sordide ; ou, s’il le convoitait, il n’était pas fils d’un dieu.

Sur ce point tu as parfaitement raison, Socrate ; mais sur cet autre, que réponds-tu ? Ne faut-il pas qu’un État possède de bons médecins ? Or, les bons médecins ne sont-ils pas principalement ceux qui ont traité toutes sortes de tempéramens bons et mauvais, et les bons juges, ceux qui ont fait l’expérience d’une foule de caractères différens ?

Sans doute, je veux de bons médecins et de bons juges ; mais sais-tu qui j’entends par là ?

Je le saurai, si tu me le dis.

Je vais essayer de te le dire. Mais tu m’interroges sur deux choses bien différentes.

Comment ?

Le plus habile médecin serait celui qui, après

  1. Voyez Pindare, Pyth. III, v. 96, édit. de Heyne, et v. 54. Édit. de Boeckh. Euripide, au commencement de l’Alceste, dit bien qu’Esculape fut frappé de la foudre, mais sans dire pourquoi.