Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/222

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Oui, une couleur qui passe et qui est désagréable.

Eh bien, imagine-toi que nous avons entendu faire la même opération de notre mieux, en choisissant les guerriers avec tant de précautions, et en les préparant par la musique et la gymnastique. Conçois-le bien : nous n’avions en vue que de leur faire prendre la meilleure teinture des lois, et grâce à la bonté de leur éducation ainsi que de leur naturel, de rendre si solide leur opinion sur ce qui est à craindre, comme sur tout le reste, qu’elle pût résister aux drogues les plus fortes, au plaisir, détergent plus redoutable que le nitre et toutes les lessives, à la douleur, à la crainte, au désir, les dissolvans les plus énergiques. Cette force, qui conserve toujours l’opinion juste et légitime sur ce qu’il faut craindre ou ne pas craindre, je l’appellerai courage, si tu n’es pas d’un autre avis.

Je n’en ai pas d’autre ; car il me paraît que, lorsque l’opinion qui fait le courage n’est pas le fruit de l’éducation et qu’elle a un caractère brutal et servile, tu ne la regardes pas comme légitime, et tu l’appelles tout autrement que courage.

Ce que tu dis est parfaitement vrai.

J’admets donc ta définition du courage.

Admets aussi que le courage est une vertu politique, et tu ne te tromperas pas. Mais nous en