Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/287

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Pour nous en convaincre, ne faut-il pas nous demander d’abord à nous-mêmes quel est le plus grand bien d’un État, celui que le législateur doit se proposer comme la fin de ses lois, et quel est aussi son plus grand mal ; et examiner ensuite si ce que j’ai proposé nous met sur la trace même de ce grand bien, ou nous éloigne de ce grand mal ?

À merveille.

Le plus grand mal d’un État, n’est-ce pas ce qui le divise et d’un seul en fait plusieurs[1] ; et son plus grand bien, au contraire, n’est-ce pas ce qui en lie toutes les parties et le rend un ?

Oui.

Ce qui forme le lien d’un État, n’est-ce pas la communauté de la joie et de la douleur, lorsqu’autant que possible, tous les citoyens se réjouissent et s’affligent également des mêmes événemens heureux ou malheureux ?

Assurément.

Et ce qui divise un État n’est-ce pas au contraire l’égoïsme de la joie et de la douleur, lorsque les uns se réjouissent et que les autres s’affligent des mêmes événemens publics et particuliers ?

Oui, certes.

D’où vient cela, sinon de ce que tous les ci-

  1. Voyez Aristote, Polit. II, 1, 2, 9, 16.