Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/29

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Et les chiens auxquels on fait du mal deviennent pires dans la vertu qui est propre à leur espèce et non dans la vertu propre aux chevaux ?

Nécessairement.

Ne dirons-nous pas aussi que les hommes à qui on fait du mal deviennent pires dans la vertu qui est propre à l’homme ?

Sans doute.

La justice n’est-elle pas une vertu qui est propre à l’homme ?

Assurément.

Ainsi, mon cher ami, c’est une nécessité que les hommes à qui on fait du mal en deviennent plus injustes[1].

Il y a apparence.

Mais un musicien peut-il, au moyen de son art, rendre ignorant dans la musique ?

Cela est impossible.

L’art de l’écuyer peut-il rendre inhabile à monter à cheval ?

Non.

Eh bien, l’homme juste peut-il, par la justice qui est en lui, rendre un autre homme injuste ? et, en général, les bons peuvent-ils, par la vertu

  1. L’ironie est ici visible ; et cette conséquence forcée avertit assez que le but de Socrate est d’abord seulement d’embarrasser l’écolier des Sophistes.