Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/36

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bien j’applaudis volontiers à ce qui me paraît bien dit, aussitôt que tu auras répondu ; car je suis convaincu que tu répondras on ne peut mieux.

Écoute donc. Je dis que la justice n’est autre chose que ce qui est avantageux au plus fort. Hé bien, pourquoi n’applaudis-tu pas ? Tu te gardes bien de le faire.

Attends du moins que j’aie compris ta pensée, car je ne l’entends pas encore. La justice est, dis-tu, ce qui est avantageux au plus fort. Qu’entends-tu par là, Thrasymaque ? veux-tu dire que parce que l’athlète Polydamas[1] est plus fort que nous, et qu’il lui est avantageux pour soutenir ses forces de manger du bœuf, il y a aussi de l’avantage pour nous à prendre la même nourriture ?

Tu es un effronté, Socrate, et tu ne cherches qu’à donner un mauvais tour à tout ce qu’on dit.

Point du tout : mais, de grace, explique-toi plus clairement.

Ne sais-tu pas que les différens États sont ou monarchiques ou aristocratiques ou populaires ?

Je le sais.

Dans tout État, celui qui gouverne n’est-il pas le plus fort ?

  1. Célèbre athlète de Thessalie. Pausanias, VI, 5 ; VII, 27.