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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/37

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Assurément.

Quiconque gouverne ne fait-il pas des lois à son avantage : le peuple, des lois populaires ; le monarque, des lois monarchiques, et ainsi des autres gouvernemens ; et ces lois faites, ne déclarent-ils pas que la justice dans les subordonnés consiste à observer ces lois, dont l’objet est leur propre avantage, et ne punissent-ils pas celui qui les transgresse, comme coupable d’une action injuste ? Voici donc mon opinion. Dans tout État la justice est l’intérêt de qui a l’autorité en main, et par conséquent du plus fort. D’où il suit pour tout homme qui sait raisonner, que partout la justice et ce qui est avantageux au plus fort, sont la même chose.

Je comprends à présent ce que tu veux dire. Cela est-il vrai ou non, c’est ce que je vais tâcher d’examiner. Tu définis la justice, ce qui est avantageux ; cependant tu m’avais défendu de la définir ainsi. Il est vrai que tu ajoutes, au plus fort.

Ce n’est rien peut-être.

Je ne sais pas encore si c’est grand’chose ou non : je sais seulement qu’il faut voir si ce que tu dis est vrai. Je conviens avec toi que la justice est quelque chose d’avantageux ; mais tu ajoutes que c’est seulement au plus fort. Voilà ce que j’ignore, et ce qu’il faut examiner.