Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/50

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Oui, donne à l’injustice le pouvoir de faire le mal, soit à force ouverte soit par adresse, elle ne me persuadera pas encore qu’elle soit plus avantageuse que la justice. Comme je ne suis peut-être pas le seul ici à penser de la sorte, prouve-nous, d’une manière incontestable, que nous sommes dans l’erreur, en préférant la justice à l’injustice.

Et comment veux-tu que je le prouve ? si ce que j’ai dit ne t’a pas persuadé, que puis-je faire de plus pour toi ? Faut-il que je fasse entrer de force mes raisons dans ton esprit ?

Non, de par Jupiter ; mais d’abord il faut t’en tenir à ce que tu auras dit une fois ; ou si tu y fais quelques changemens, que ce soit ouvertement et sans nous surprendre. Maintenant, pour revenir à notre discussion, tu vois, Thrasymaque, qu’après avoir donné la définition du vrai médecin, tu n’as pas cru devoir donner ensuite avec la même exactitude celle du vrai berger. Tu penses qu’en tant que berger, il ne prend pas soin de son troupeau pour le troupeau même, mais comme un ami de la bonne chère qui le destine à des festins, ou comme un mercenaire qui veut en tirer de l’argent. Or la profession de berger n’a d’autre but que de procurer le plus grand bien de la chose pour laquelle elle a été établie, puisqu’elle a pour cela tout ce