Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/546

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Par conséquent, la vertu et les gens de bien sont moins estimés dans un État, à proportion qu’on y estime davantage les riches et les richesses.

Cela est évident.

Mais on s’adonne à ce qu’on estime, et on néglige ce qu’on méprise.

Sans doute.

Ainsi les mêmes hommes, d’ambitieux et d’intrigans qu’ils étaient, finissent par être avares et avides de richesses. Tous leurs éloges, toute leur admiration est pour les riches ; les emplois ne sont que pour eux : c’est assez d’être pauvre pour être méprisé.

Il est vrai.

Alors une loi s’établit, qui constitue le pouvoir oligarchique sur la quotité de la fortune ; le cens exigé est plus ou moins considérable, selon que le principe oligarchique a plus ou moins de force, et l’accès des charges publiques est interdit à tous ceux dont le bien ne monte pas au taux marqué. Cette loi passe par la voie de la force et des armes, ou, avant qu’on y ait recours, la crainte la fait adopter. N’est-ce pas ainsi que les choses ont lieu ?

Oui.

Voilà donc à peu près comment cette forme de gouvernement s’établit.