Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/547

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Oui. Mais quelles sont ses mœurs et les vices que nous lui reprochons ?

Le premier est le principe même de ce gouvernement. Remarque en effet ce qui arriverait si dans le choix du pilote on avait uniquement égard au cens, et que le pauvre, fût-il bien plus capable, ne pût approcher du gouvernail.

Les vaisseaux seraient très mal gouvernés.

N’en serait-il pas de même à l’égard de tout autre gouvernement quel qu’il soit ?

Je le pense.

Faut-il excepter celui d’un État ?

Moins qu’un autre : d’autant plus que c’est de tous les gouvernemens le plus difficile et le plus important.

L’oligarchie a donc d’abord ce vice capital.

Évidemment.

Mais quoi ? cet autre vice est-il moins grand ?

Quel vice ?

Un pareil État par sa nature n’est point un ; il renferme nécessairement deux États, l’un composé de riches, l’autre de pauvres[1], qui habitent le même sol et conspirent sans cesse les uns contre les autres.

Non certes, ce vice n’est pas moins grand que le premier.

  1. Voyez la critique qu’Aristote a faite de ce passage, Polit. V, 10, p.238. Ed. Schneider.