Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/548

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Ce n’est pas non plus un grand avantage pour ce gouvernement, que la presque impossibilité de faire la guerre, parce qu’il faut ou bien armer la multitude et avoir alors à la redouter plus que l’ennemi, ou ne pas s’en servir, et se présenter au combat avec une armée vraiment oligarchique[1] ; sans compter que personne ne veut fournir aux frais de la guerre, attendu que chacun tient à son argent.

Il s’en faut bien que ce soit un avantage.

Y approuves-tu encore cette disposition à se mêler de tout, que nous avons tant blâmée autrefois, c’est-à-dire que les mêmes gens y exercent à la fois les fonctions de laboureurs, de commerçans et de guerriers ?

Nullement.

Vois si le plus grand vice de cette constitution n’est pas celui que je vais dire.

Lequel ?

La liberté qu’on y laisse à chacun de se défaire de son bien ou d’acquérir celui d’autrui, et à celui qui a vendu son bien, de demeurer dans l’État sans y avoir aucune fonction ni d’artisan, ni de commerçant, ni de soldat, ni d’autre titre enfin que celui de pauvre et d’indigent.

Oui, c’est là le plus grand vice.

  1. C’est-à-dire très peu nombreuse.