Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/554

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Lorsqu’il sera chargé de quelque tutelle, ou de quelque autre commission, où il aura toute licence de mal faire.

Tu as raison.

N’est-il pas clair par là que dans les autres circonstances où il obtient l’estime par d’honorables apparences, c’est en se faisant à lui-même une sage violence qu’il comprime les mauvais désirs qui sont en lui, non pas par le sentiment du devoir ni par l’effet d’une tranquille réflexion, mais par nécessité et par peur, et parce qu’il tremble de compromettre sa fortune ?

Cela est certain.

Mais lorsqu’il sera question de dépenser le bien d’autrui, c’est alors, mon cher ami, que dans la plupart de ces ames tu découvriras ces désirs qui tiennent du naturel des frelons.

J’en suis très persuadé.

Un homme de ce caractère ne sera donc pas exempt de séditions au dedans de lui-même : il y aura deux hommes en lui avec des désirs contraires, dont les meilleurs, pour l’ordinaire, l’emporteront sur les plus mauvais.

À la bonne heure.

Aussi aura-t-il, je pense, de meilleures apparences que bien d’autres ; mais la vraie vertu d’une ame d’accord avec elle-même et où règne l’unité, sera bien loin de lui.