Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/575

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de s’indigner et de se soulever à la moindre apparence de contrainte ? Ils en viennent à la fin, comme tu sais, jusqu’à ne tenir aucun compte des lois écrites ou non écrites, afin de n’avoir absolument aucun maître.

Je le sais parfaitement.

Eh bien, mon cher ami, c’est de ce jeune et beau gouvernement que naît la tyrannie, du moins à ce que je pense.

Bien jeune, en effet ; mais qu’arrive-t-il ensuite ?

Le même fléau qui a perdu l’oligarchie, prenant de nouvelles forces et de nouveaux accroissemens à la faveur de la licence universelle, prépare l’esclavage à l’État démocratique : car tout excès amène volontiers l’excès contraire dans les saisons, dans les végétaux, dans nos corps, et dans les États tout comme ailleurs.

Cela doit être.

Ainsi dans un État comme dans un individu ce qui doit succéder à l’excès de la liberté c’est précisément l’excès de la servitude.

Cela doit être encore.

Par conséquent, ce qui doit être, c’est que la tyrannie ne prenne naissance d’aucun autre gouvernement que du gouvernement populaire ; c’est-à-dire qu’à la liberté la plus illimitée succède le despotisme le plus entier et le plus intolérable.