Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/58

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On ne peut pas mieux deviner.

Il ne faut pas que je me rebute dans cet examen, tant que j’aurai lieu de croire que tu parles sérieusement ; car il me paraît, Thrasymaque, que ce n’est point une raillerie de ta part, et que tu penses comme tu dis.

Que je pense ou non comme je dis, que t’importe ? réfute-moi seulement.

Peu m’importe sans doute ; mais tâche de répondre encore à cette question : L’homme juste voudrait-il l’emporter en quelque chose sur l’homme juste ?

Jamais ; autrement il ne serait ni si commode ni si fou que je le suppose.

Quoi ! pas même pour la justice ?

Pas même pour cela.

Voudrait-il du moins l’emporter sur l’homme injuste, et croirait-il juste de le faire ?

Il le croirait juste ; il le voudrait même, mais il ferait d’inutiles efforts.

Ce n’est pas là ce que je veux savoir ; je te demande si le juste n’aurait ni la prétention ni la volonté de l’emporter sur le juste, mais seulement sur l’homme injuste.

Oui, le juste est ainsi disposé.

Et l’homme injuste voudrait-il l’emporter sur le juste, pour l’injustice ?

Assurément, puisqu’il veut l’emporter sur tout le monde.