Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/59

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Il voudra donc aussi l’emporter sur l’homme injuste, dans l’injustice, et il s’efforcera de l’emporter sur tous.

Sans contredit.

Ainsi le juste, disons-nous, ne veut pas l’emporter sur son semblable, mais sur son contraire ; au lieu que l’homme injuste veut l’emporter sur l’un et sur l’autre.

Fort bien dit.

L’homme injuste est intelligent et habile, et le juste n’est ni l’un ni l’autre.

Fort bien encore.

L’homme injuste ressemble donc à l’homme intelligent et à l’homme habile, et le juste ne leur ressemble point ?

Oui, celui qui est d’une façon ressemble à ceux qui sont tels qu’il est ; et celui qui n’est pas de cette façon ne leur ressemble pas.

À merveille : chacun d’eux est donc tel que ceux auxquels il ressemble ?

Comment en serait-il autrement ?

Soit, Thrasymaque ; ne dis-tu pas d’un homme qu’il est musicien ; d’un autre qu’il ne l’est pas ?

Oui.

Lequel des deux est intelligent, lequel ne l’est pas ?

Le musicien est intelligent, l’autre ne l'est pas.

L’un est habile, puisqu’il est intelligent ; l’autre ne l’est pas par la raison contraire.