Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/631

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C’est donc à notre premier adversaire[1] qu’il en faut revenir, à présent que nous sommes d’accord sur les effets que produisent les actions justes et injustes.

Eh bien, que lui dirons-nous ?

Pour montrer à celui qui a avancé cette maxime quelle en est la valeur, formons par la pensée une image de l’ame.

Quelle espèce d’image ?

Une image faite sur le modèle de la Chimère, de Scylla, de Cerbère, et de cette foule de monstres dont nous parlent les anciennes traditions, et qu’elles nous représentent comme offrant en un seul individu la réunion de plusieurs espèces.

En effet, les anciennes traditions nous parlent de semblables créatures.

Compose d’abord un monstre formé de plusieurs espèces et garni de plusieurs têtes, les unes d’animaux paisibles, les autres de bêtes féroces, avec le pouvoir de faire naître toutes ces têtes et de les changer à son gré.

Un pareil ouvrage demande un artiste habile. Mais. comme la pensée se laisse manier avec plus de facilité que la cire, ou toute autre matière, voilà qui est fait.

  1. Thrasymaque, qui paraît s’être retiré, et dont Glaucon a pris la place.