Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/672

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Cependant nous n’avons pas encore parlé des plus grandes récompenses proposées à la vertu.

Il faut qu’elles soient d’un prix infini, si elles surpassent celles que nous venons d’exposer.

Peut-on appeler grand ce qui se passe en un petit espace de temps ? En effet, l’intervalle qui sépare notre enfance de la vieillesse, est bien peu de chose en comparaison de la durée entière.

Ce n’est même rien.

Mais quoi ! penses-tu qu’un être immortel doive borner ses vues à un temps si court, au lieu de les étendre à toute la durée ?

Je ne le pense pas. Mais à quoi tend ce discours ?

Ne sais-tu pas que notre ame est immortelle, et qu’elle ne périt jamais ?

À ces mots, Glaucon me regardant avec un air de surprise : Je n’en sais rien, me dit-il ; et toi, pourrais-tu le prouver ?

Oui, repartis-je, si je ne me trompe ; je crois même que tu en pourrais faire autant, car la chose n’est pas difficile.

Elle l’est pour moi ; et tu me feras plaisir de me démontrer cette chose si facile.

Écoute-moi.

Parle.

Reconnais-tu qu’il y a du bien et du mal ?