Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/214

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sité seule, que nous ne lui permettrons point de nous remplir de sa corruption naturelle, et que nous nous conserverons purs de ses souillures, jusqu’à ce que Dieu lui-même vienne nous délivrer. C’est ainsi qu’affranchis de la folie du corps, nous converserons, je l’espère, avec des hommes libres comme nous, et connaîtrons par nous-mêmes [67b] l’essence des choses, et la vérité n’est que cela peut-être ; mais à celui qui n’est pas pur, il n’est pas permis de contempler la pureté. Voilà, mon cher Simmias, ce qu’il me paraît que les véritables philosophes doivent penser, et se dire entre eux. Ne le crois-tu pas comme moi ?

Entièrement, Socrate.

S’il en est ainsi, mon cher Simmias, tout homme qui arrivera où je vais présentement, a grand sujet d’espérer que là, mieux que partout ailleurs, il jouira à son aise de ce qui lui avait auparavant coûté tant de peine : aussi ce [67c] voyage qu’on m’a ordonné me remplit-il d’une douce espérance ; et il fera le même effet sur tout homme qui croit que son âme est préparée, c’est-à-dire purifiée. Or, purifier l’âme, n’est-pas, comme nous le disions tantôt, la séparer du corps, l’accoutumer à se renfermer et à se recueillir en elle-même, et à vivre, autant qu’il lui est possible, et dans cette vie et [67d] dans l’autre, seule,