Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/213

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Le corps et ses passions. En effet, toutes les guerres ne viennent que du désir d’amasser des richesses, et nous sommes forcés [66d] d’en amasser à cause du corps et pour fournir à ses besoins. Voilà pourquoi nous n’avons pas le temps de songer à la philosophie ; et ce qu’il y a de pis, c’est que si d’aventure il nous laisse quelque loisir, et que nous nous mettions à réfléchir, il intervient tout d’un coup au milieu de nos recherches, nous trouble, nous étourdit, et nous rend incapables de discerner la vérité. Il nous est donc démontré que si nous voulons savoir véritablement quelque chose, [66e] il faut que nous nous séparions du corps, et que l’âme elle-même examine les choses en elles-mêmes. C’est alors seulement que nous jouirons de la sagesse dont nous nous disions amoureux, c’est-à-dire après notre mort, et non pendant cette vie ; et la raison même le dit : car s’il est impossible de rien connaître purement pendant que nous sommes avec le corps, il faut de deux choses l’une, ou que l’on ne connaisse jamais la vérité, ou qu’on la connaisse après la mort ; parce [67a] qu’alors l’âme sera rendue à elle-même : et pendant que nous serons dans cette vie, nous n’approcherons de la vérité qu’autant que nous nous éloignerons du corps ; que nous renoncerons à tout commerce avec lui, si ce n’est pour la néces-