Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/23

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Socrate.

Ton père !

Euthyphron.

Oui, mon père.

Socrate.

Eh ! de quoi l’accuses-tu ?

Euthyphron.

D’homicide.

Socrate.

D’homicide ! Par Hercule ! Voilà une accusation au-dessus de la portée du vulgaire, qui jamais n’en sentira la justice : un homme ordinaire ne [4b] serait pas en état de la soutenir. Pour cela, il faut un homme déjà fort avancé en sagesse.

Euthyphron.

Oui, certes, fort avancé, Socrate.

Socrate.

Est-ce quelqu’un de tes parens, que ton père a tué. Il le faut ; car, pour un étranger, tu ne mettrais pas ton père en accusation.

Euthyphron.

Quelle absurdité ! Socrate, de penser qu’il y ait à cet égard de la différence entre un parent et un étranger ! La question est de savoir si celui qui a tué, a tué justement ou injustement. Si c’est justement, il faut laisser en paix le meurtrier ; si c’est injustement, tu es obligé de le [4c] poursuivre, fût-il ton ami, ton hôte. C’est te rendre