Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/230

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tout cela est se ressouvenir, surtout quand il s’agit de choses que l’on a oubliées ou par la longueur du temps, ou pour les avoir perdues de vue ?

Je n’y vois point de difficulté.

Mais en voyant un cheval ou une lyre en peinture, ne peut-on pas se ressouvenir d’un homme ? Et en voyant le portrait de Simmias, ne peut-on pas se ressouvenir de Cébès ?

Qui en doute ?

À plus forte raison, en voyant le portrait de Simmias, se ressouviendra-t-on de Simmias lui-même.

[74a] Assurément.

Et n’arrive-t-il pas que la réminiscence se fait tantôt par la ressemblance, et tantôt par le contraste ?

Oui, cela arrive.

Mais quand on se ressouvient de quelque chose par la ressemblance, n’arrive-t-il pas nécessairement que l’esprit voit tout d’un coup s’il manque quelque chose au portrait pour sa parfaite ressemblance avec l’original dont il se souvient, ou s’il n’y manque rien du tout ?

Cela est impossible autrement, dit Simmias.

Prends donc bien garde s’il te paraîtra comme à moi. Ne disons-nous pas qu’il y a de l’égalité, non pas seulement entre un arbre et un arbre,