Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/231

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entre une pierre et une autre pierre, et entre plusieurs autres choses semblables, mais hors de tout cela ? disons-nous que cette égalité en elle-même est quelque chose, ou que ce n’est rien ?

[74b] Oui, assurément, nous disons que c’est quelque chose.

Mais la connaissons-nous, cette égalité ?

Sans doute.

D’où avons-nous tiré cette connaissance ? N’est-ce point des choses dont nous venons de parler, et qu’en voyant des arbres égaux, des pierres égales, et plusieurs autres choses de cette nature, nous nous sommes formé l’idée de cette égalité, qui n’est ni ces arbres, ni ces pierres, mais qui en est toute différente ? Car ne te paraît-elle pas différente ? Prends bien garde à ceci : les pierres, les arbres, quoiqu’ils restent souvent dans le même état, ne nous paraissent-ils pas tour à tour égaux ou inégaux, selon les objets auxquels on les compare ?

Assurément.

[74c] Eh bien ? les choses égales te paraissent inégales dans certains momens : en est-il ainsi de l’égalité elle-même, et te paraît-elle quelquefois inégalité ?

Jamais, Socrate.

L’égalité et ce qui est égal ne sont donc pas la même chose ?