Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/401

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sait qu’elle en doit être la maîtresse[1]. Il y a plus ; la raison n’est pas moins distincte et indépendante de la sensation que la volonté ; elle la domine, puisqu’elle la juge. N’est-ce pas un fait incontestable, que par-delà les impressions des sens la raison développe en nous certains jugemens sur les rapports des objets sensibles, sur leur différence ou leur ressemblance, sur l’identité ou l’opposition, sur l’unité, sur l’existence, sur le bien et le mal, sur la beauté et la difformité, sur le mérite et le démérite, sur la bassesse et la dignité, sur la convenance et la disconvenance ? D’où viennent ces jugemens ? Ce ne peut être de la sensation ; car, encore une fois, la sensation est renfermée toute entière dans l’impression organique faite sur chaque sens en particulier. La plus légère comparaison entre ces impressions dépasse les bornes de chaque sensation particulière,

  1. Voyez l’argument du Premier Alcibiade.