Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/454

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

le soutenir, ou n’affirmerais-tu pas plutôt que pour toi-même rien n’est rigoureusement identique, parce que tu n’es jamais identique à toi-même ?

THÉÉTÈTE.

J’incline vers ce sentiment plutôt que vers l’autre.

SOCRATE.

Si donc l’objet que nous mesurons ou touchons était ou grand, ou blanc, ou chaud ; étant en rapport avec un autre objet, il ne deviendrait jamais autre, s’il ne se faisait en lui aucun changement. Et d’autre part, si l’organe qui mesure ou qui touche avait quelqu’une de ces qualités, lorsqu’un autre objet lui serait appliqué, ou le même qui aurait souffert quelque altération, il ne deviendrait pas autre, s’il n’éprouvait lui-même aucun changement. Songe encore, mon cher ami, que dans l’autre sentiment, nous sommes contraints d’avancer des choses tout-à-fait surprenantes et ridicules, comme dirait Protagoras et ses partisans.

THÉÉTÈTE.

Comment, et que veux-tu dire ?

SOCRATE.

Un petit exemple te fera comprendre toute