Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/474

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THÉÉTÈTE.

Sans difficulté.

SOCRATE.

Ma sensation, par conséquent, est vraie par rapport à moi ; car elle tient toujours à ma manière d’être ; et, selon Protagoras, c’est à moi de juger de l’existence de ce qui m’est quelque chose, et de la non-existence de ce qui ne m’est rien.

THÉÉTÈTE.

Il y a apparence.

SOCRATE.

Comment donc, si je ne me trompe ni ne bronche sur les choses qui se font ou qui existent, n’aurais-je point la science de ce dont j’ai la sensation ?

THÉÉTÈTE.

Impossible autrement.

SOCRATE.

Ainsi tu as fort bien défini la science, en disant qu’elle n’est autre chose que la sensation ; et soit qu’on soutienne avec Homère, Héraclite et leurs partisans, que tout est dans un mouvement et un flux continuel ; ou avec le très sage Protagoras, que l’homme est la mesure de toutes choses ; ou avec Théétète que, s’il en est ainsi, la sensation est la science : tous ces sentimens reviennent au même. Eh bien, Théétète : dirons-