Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/475

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nous que c’est là en quelque sorte ton enfant nouveau-né, et que tu l’as mis au jour par mes soins ? Qu’en penses-tu ?

THÉÉTÈTE.

Il faut bien le dire, Socrate.

SOCRATE.

Quel que soit ce fruit, nous avons eu bien de la peine à le produire. Maintenant que l’enfantement est achevé, il nous faut faire ici en paroles la cérémonie de l’amphidromie[1] ; nous appliquant à bien reconnaître si le nouveau-né mérite d’être élevé, ou s’il n’est qu’une production fantastique. Ou bien penses-tu qu’il faille à tout prix élever ton enfant, et ne pas l’exposer ? Voyons, souffriras-tu patiemment qu’on l’examine, et ne te mettras-tu pas fort en colère si on te l’enlève, comme à une femme accouchée pour la première fois ?

THÉODORE.

Théétète le souffrira volontiers, Socrate ; il n’a point du tout l’humeur difficile. Mais, au nom des dieux, dis-nous si en effet ce sentiment est faux,

  1. Le Scholiaste : Au cinquième jour après la naissance de l’enfant, les femmes qui avaient aidé la mère, s’étant purifié les mains, portaient l’enfant autour du foyer en courant ; il recevait un nom, et la famille lui faisait de petits présens.