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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/56

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EUTHYPHRON.

Comme tu dis.

SOCRATE.

Pour bien demander, ne faut-il pas leur demander des choses que nous avons besoin de recevoir d’eux ?

EUTHYPHRON.

Rien de plus vrai.

SOCRATE.

[14e] Et pour bien donner, ne faut-il pas leur donner en échange les choses qu’ils ont besoin de recevoir de nous ? Car il ne serait pas fort habile de donner à quelqu’un ce dont il n’aurait aucun besoin.

EUTHYPHRON.

On ne saurait mieux parler.

SOCRATE.

La sainteté, mon cher Euthyphron, est donc une espèce de trafic entre les dieux et les hommes ?

EUTHYPHRON.

Un trafic, si tu veux l’appeler ainsi.

SOCRATE.

Je ne le veux pas, si ce n’en est pas un réellement ; mais, dis-moi, quelle utilité les dieux reçoivent-ils des présens que nous leur faisons ? Car [15a] l’utilité que nous tirons d’eux est sensible, puisque nous n’avons rien qui ne vienne de leur libéralité. Mais de quelle utilité sont aux