Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/765

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SOCRATE.

Qu’est-ce que j’aperçois là-bas près du rocher, et qui paraît debout sous un arbre ? Ne te semble-t-il pas qu’on se tient ce langage à soi-même, à la vue de certains objets ?

PROTARQUE.

Oui.

SOCRATE.

Ensuite cet homme, répondant à sa pensée, ne pourrait-il pas se dire, c’est un homme ; jugeant ainsi à l’aventure ?

PROTARQUE.

Je le crois bien.

SOCRATE.

Et puis, venant à passer auprès, il pourrait se dire alors que l’objet qu’il avait vu est une statue, l’ouvrage de quelques bergers.

PROTARQUE.

Sans contredit.

SOCRATE.

Mais si quelqu’un était près de lui, il lui exprimerait par la parole ce qu’il se disait intérieurement à lui-même, et alors, comme il énoncerait la même chose, ce que nous appelions tout-à-l’heure opinion deviendrait discours.

PROTARQUE.

Oui.