Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/794

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Il les appelle les plus grandes des voluptés, et il tient pour le plus heureux celui qui passe la plus grande partie de sa vie dans leur jouissance.

PROTARQUE.

Tu as fait, à ce qu’il semble, Socrate, l’histoire de la plupart des hommes.

SOCRATE.

Oui, Protarque, pour les plaisirs qu’on ressent dans les affections composées du corps où la sensation extérieure se mêle avec l’intérieure. Quant aux affections de l’âme et du corps, quand l’âme éprouve des phénomènes contraires à ceux du corps, de douleur vis-à-vis du plaisir, de plaisir vis-à-vis de la douleur, en sorte que ces deux sentimens se mêlent et se confondent, nous en avons parlé plus haut, lorsque nous disions que l’âme étant vide desire être remplie, que l’espoir de l’être la comble de joie, tandis qu’elle souffre de ne l’être pas. Nous ne l’avons pas prouvé ; mais maintenant nous disons que, l’âme ne s’accordant point avec le corps dans toutes ses affections, dont le nombre est infini, il en résulte un mélange de douleur et de plaisir.

PROTARQUE.

Tu as bien l’air d’avoir raison.