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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/795

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SOCRATE.

Il nous reste encore un mélange de douleur et de plaisir.

PROTARQUE.

Lequel, dis-moi ?

SOCRATE.

Celui que l’âme reçoit seulement en elle-même, comme nous avons dit plus d’une fois.

PROTARQUE.

Comment disons-nous ceci ?

SOCRATE.

Ne conviens-tu pas que la colère, la crainte, le desir, la tristesse, l’amour, la jalousie, l’envie, et les autres passions semblables, sont des douleurs propres de l’âme ?

PROTARQUE.

Oui.

SOCRATE.

Ne trouverons-nous point qu’elles sont remplies de plaisirs inexprimables ? Est-il besoin que, par rapport au ressentiment et à la colère, nous nous rappelions que la colère entraîne quelquefois le sage même à se courroucer,

Plus douce que le miel qui coule du rayon[1].
  1. Hom. Iliade, liv. XVIII, v. 108 et suiv.