Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/177

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le poète Théognis, citoyen de Mégare, en Sicile, qui dit :

Il est plus précieux que l’argent et l’or
Celui qui est fidèle, Cyrnus, au jour de la sédition[1].

Nous soutenons que celui qui se distingue dans cette guerre, beaucoup plus périlleuse que l’autre, l’emporte autant sur le guerrier de Tyrtée, que la justice, la tempérance et la prudence jointes à la force l’emportent sur la force seule. Car, pour être fidèle et incorruptible dans la sédition, il faut réunir en soi toutes les vertus : au lieu que parmi des soldats mercenaires, presque tous, et à un très petit nombre près, insolents, injustes, sans mœurs, et les plus insensés de tous les hommes, il s’en trouve beaucoup qui, selon l’expression de Tyrtée, se présenteront au combat avec une contenance fière, et iront au devant de la mort.

À quoi aboutit tout ce discours, et quelle autre chose voulons-nous prouver par là, sinon que tout législateur un peu habile, et surtout celui de Crète, instruit qu’il était par Jupiter lui-même, ne se propose dans ses lois d’autre but que la plus excellente vertu, laquelle, selon

  1. Théognis, v. 78.