Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/197

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L’ATHÉNIEN.

Crois-moi, mon ami, ne fais pas valoir cette raison-là. Car il y a eu et il y aura encore bien des défaites et des victoires dont il est difficile d’assigner la cause. Ne nous servons donc point des batailles gagnées ou perdues, comme d’une preuve décisive de la bonne ou de la mauvaise disposition des lois : c’en est une preuve fort douteuse. Dans la guerre, ce sont les grands États qui triomphent des petits et les subjuguent. Ainsi les Syracusains ont subjugué les Locriens, qui passent pour le peuple le mieux policé de cette contrée : ainsi les Athéniens ont soumis les habitants de Céos[1]. On pourrait citer mille exemples semblables. Voyons plutôt ce qu’il nous faut penser de chaque institution, en l’examinant en elle-même, et en mettant à part les défaites et les victoires. Disons de tel usage, qu’il est bon en soi ; de tel autre, qu’il est mauvais ; et avant toutes choses, écoutez-moi sur la manière dont je crois qu’il faut envisager ce qui est bon en ce genre et ce qui ne l’est pas.

MÉGILLE.

Comment doit-on donc s’y prendre ?

L’ATHÉNIEN.

Il me paraît que tous ceux qui, discourant sur

  1. Voyez le Protagoras, t. III, p. 81, et la note.