Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/222

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CLINIAS.

Tu as raison.

L’ATHÉNIEN.

N’est-il pas vrai qu’un législateur, et tout homme de sens, a pour cette crainte les plus grands égards, et que, la revêtant du nom de pudeur, il qualifie d’impudence la confiance qui lui est opposée, la regardant comme le plus grand mal que puissent éprouver les États et les particuliers ?

CLINIAS.

Tu dis vrai.

L’ATHÉNIEN.

C’est encore cette crainte qui fait notre sûreté dans je ne sais combien d’occasions importantes ; à la guerre, c’est à elle plus qu’à nulle autre chose, qu’on doit son salut et la victoire. Deux choses en effet contribuent à la victoire, la confiance à la vue de l’ennemi et la crainte de se déshonorer devant ses amis.

CLINIAS.

Cela est certain.

L’ATHÉNIEN.

Il faut donc que chacun de nous soit à la fois sans crainte et craintif ; et nous avons dit pourquoi l’un et l’autre.