Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/223

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CLINIAS.

Oui.

L’ATHÉNIEN.

Lorsqu’on veut apprendre à quelqu’un à ne pas craindre, n’en vient-on point à bout en l’exposant avec discrétion à toutes sortes de craintes ?

CLINIAS.

Sans contredit.

L’ATHÉNIEN.

Et quand il s’agit d’inspirer à quelqu’un la crainte de ce qu’il doit craindre, n’est-ce pas en le mettant aux prises avec l’impudence, et en l’exerçant contre elle, qu’il faut lui apprendre à se combattre lui-même et à triompher des plaisirs ? N’est-ce pas en luttant sans cesse contre ses penchants habituels, et en les réprimant, qu’il faut qu’il acquière la perfection de la force, tandis que sans l’expérience et l’usage de ce genre de combat, on ne sera pas même vertueux à demi ? Sera-t-il jamais parfaitement tempérant, celui qui n’a point été aux prises avec une foule de sentiments voluptueux et de désirs qui le portent à ne rougir de rien et à commettre toutes sortes d’injustices ; qui n’a pas appris à les vaincre par la réflexion, et à pratiquer une méthode suivie dans ses amusements comme