Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/224

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans ses occupations sérieuses, et qui au contraire n’a jamais éprouvé les atteintes des passions ?

CLINIAS.

Il n’y a guère d’apparence.

L’ATHÉNIEN.

Mais quoi ! quelque Dieu a-t-il donné aux hommes un breuvage propre à inspirer la crainte, en sorte que plus on en boive, plus on se croie malheureux, plus on sente augmenter sa frayeur sur le présent et sur l’avenir, et qu’à la fin l’homme le plus intrépide soit glacé d’effroi, et que cependant on revienne à son premier état dès qu’on s’endort et qu’on cesse de boire ?

CLINIAS.

Étranger, y a-t-il sur la terre un breuvage de cette nature ?

L’ATHÉNIEN.

Aucun. Mais s’il y en avait un, quel qu’il fût, un législateur ne s’en servirait-il pas utilement pour exercer au courage ? Par exemple, n’aurions-nous pas sujet de lui dire là-dessus : Législateur, quel que soit le peuple à qui tu donnes des lois, Crétois ou autre, le principal objet de tes souhaits ne serait-il pas de connaître par une épreuve certaine ses dispositions par rapport au courage et à la lâcheté ?