Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/238

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l’homme lâche et de l’homme de cœur, [655b] ceux de l’homme de cœur sont beaux, et en ont à bon droit la réputation, tandis qu’il en est tout autrement de ceux du lâche. En un mot, pour ne pas nous étendre trop sur ce sujet, toute figure, toute mélodie qui exprime les bonnes qualités de l’âme ou du corps, soit elles-mêmes, soit leur image, est belle : c’est tout le contraire, si elle en exprime les mauvaises qualités.

CLINIAS.

Tu as raison, et que ce soit pour nous un point décidé.

L’ATHÉNIEN.

Dis-moi encore : prenons nous tous un égal plaisir aux mêmes chants [655c] et aux mêmes danses ? ou s’en faut-il de beaucoup ?

CLINIAS.

Il s’en faut du tout.

L’ATHÉNIEN.

A quoi donc attribuerons-nous nos erreurs à cet égard ? Ce qui est beau ne l’est-il pas pour tout le monde ; ou, quoiqu’il le soit, ne le paraît-il pas ? Jamais personne n’osera dire que les danses et les chants du vice soient plus beaux que ceux de la vertu, ni qu’il prend plaisir aux figures qui expriment le vice, tandis que chacun se plaît à la Muse opposée. Il est vrai pourtant