Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/239

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que la plupart mettent l’essence et la perfection [655d] de la musique dans le pouvoir qu’elle a d’affecter agréablement l'ame. Mais ce langage n’est point supportable, et il n’est pas même permis de le tenir. Voici plutôt quelle est la source de nos erreurs sur ce point.

CLINIAS.

Laquelle ?

L’ATHÉNIEN.

Comme la danse et le chant ne sont qu’une imitation de mœurs, qu’ils représentent toutes sortes d’actions, de situations, de caractères, et que chaque artiste en son genre embrasse tout cela par l’imitation, c’est une nécessité que ceux qui entendent des paroles et des chants, ou qui voient des danses analogues au caractère qu’ils ont reçu [655e] de la nature ou de l’éducation, ou de l’une et de l’autre, y prennent plaisir, les approuvent, et disent qu’elles sont belles : qu’au contraire ceux dont elles choquent le caractère, les mœurs, ou une certaine habitude, ne puissent ni les goûter ni les louer, et disent qu’elles sont laides. A l’égard de ceux qui ont naturellement un goût sain avec de mauvaises habitudes, ou de bonnes habitudes avec un goût naturellement mauvais, c’est encore une nécessité que leurs éloges tombent sur des objets différens de