Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/299

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sent à nos besoins en ce genre, afin que l’espèce humaine, lorsqu’elle se trouverait en de semblables extrémités, pût se conserver et s’accroître. Avec tant de secours, leur pauvreté ne pouvait pas être assez grande pour occasionner entre eux des querelles. D’un autre coté, on ne peut pas dire qu’ils fussent riches, ne possédant ni or ni argent ; et en effet ils n’en possédaient point. Or dans toute société où l’on ne connaît ni l’opulence ni l’indigence, les mœurs doivent être très pures : car ni [679c] le libertinage, ni l’injustice, ni la jalousie et l’envie ne sauraient s’y introduire. Ils étaient donc vertueux par cette raison, et encore à cause de leur extrême simplicité, qui leur faisait admettre sans défiance ce qu’on leur disait sur le vice et la vertu : ils y ajoutaient foi, et y conformaient bonnement leur conduite. Ils n’étaient point assez habiles pour y soupçonner du mensonge, comme on le fait aujourd’hui ; ils tenaient pour vrai ce qui leur était enseigné sur les Dieux et les hommes, et ils en faisaient la règle de leur vie. C’est pourquoi ils étaient tout à-fait tels que je viens de les peindre.

[679d] CLINIAS.

Nous sommes de ton sentiment, Mégille et moi.

L’ATHÉNIEN.

Nous pouvons donc assurer que, pendant plu-