Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/336

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Quand je parle de la sorte, je ne prétends pas leur ôter la gloire d’avoir remporté sur eux d’éclatantes victoires par mer et par terre ; mais voici ce que je trouve de honteux dans la conduite qu’ils tinrent alors. D’abord de ces trois cités, Argos, Messène et Lacédémone, cette dernière fut la seule qui vint au secours de la Grèce ; pour les deux autres, elles étaient tellement dégénérées, que Messène mit obstacle au secours qu’on attendait de Lacédémone, en lui faisant dans ce temps-là même la guerre [692e] à toute outrance, et qu’Argos, qui tenait le premier rang lors du partage entre les trois cités, ayant été sollicitée de se joindre aux autres contre les Barbares, ne se rendit à aucune invitation et n’envoya point de secours. On pourrait rapporter encore d’autres traits arrivés à l’occasion de cette guerre, qui ne sont nullement honorables pour la Grèce ; et, loin qu’on puisse dire qu’elle se soit bien défendue en cette rencontre, il est presque certain que si les Athéniens et les Lacédémoniens ne s’étaient point unis [693a] pour la garantir de l’esclavage qui la menaçait, tous les peuples qui la composent seraient aujourd’hui confondus entre eux et avec les Barbares, comme le sont encore ceux des Grecs que les Perses ont subjugués, et que leur dispersion et leur mélange empêchent de reconnaître.