Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/349

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et ayant porté leur autorité jusqu’au despotisme, ont ruiné [697d] par là l’union et la communauté d’intérêts qui doit régner entre tous les membres de l’État. Cette union une fois détruite, les princes dans leur conseil ne dirigent plus leurs délibérations vers le bien de leurs sujets et l’intérêt public ; ils ne pensent qu’à agrandir leur domination, et il ne leur coûte rien de renverser des villes et de porter le fer et le feu chez des nations amies, lorsqu’ils croient qu’il leur en reviendra le moindre avantage. Comme ils sont cruels et impitoyables dans leurs haines, on les hait de même ; et quand ils ont besoin que les peuples s’arment et combattent pour leur défense, ils ne trouvent en eux ni concert ni ardeur [697e] à affronter les périls. Quoiqu’ils possèdent des milliers innombrables de soldats, toutes les armées ne leur sont d’aucun secours pour la guerre. Réduits à prendre des étrangers à leur solde, comme s’ils manquaient d’hommes, c’est dans des mercenaires qu’ils mettent tout leur espoir de salut. Enfin, ils sont contraints d’en venir à ce point d’extravagance, de proclamer par leur conduite que ce qui passe pour précieux et estimable chez les hommes n’est rien au prix de l’or et de l’argent.