raison qu’il ne leur arrivât encore la même chose. Du côté de la mer, attaqués par une flotte de mille vaisseaux, et même davantage[1], ils ne voyaient absolument aucun moyen de se sauver. Une seule espérance leur restait, bien faible et bien incertaine à la vérité, c’est que, jetant les yeux sur les évènements précédents, ils voyaient que, contre toute attente, ils avaient remporté la victoire ; et appuyés sur cette frêle espérance, ils comprirent que leur unique refuge était dans eux-mêmes [699c] et dans les Dieux. Tout conspirait donc à resserrer l’union entre les citoyens, et la crainte du danger présent, et la crainte des lois gravée dès auparavant dans leur âme, qui était le fruit de leur fidélité à les observer, et dont nous avons souvent parlé plus haut sous le nom de pudeur, ce sentiment qui, disions-nous, fait les âmes vertueuses et rend libres et intrépides ceux qui l’éprouvent. Si cette crainte n’avait alors agi sur les Athéniens, jamais ils ne se seraient réunis pour voler, comme ils le firent,
- ↑ Hérodote, VII, 591. Isocrate, Panégyrique, 26,27, 33; Panath., 59. Plutarque, Vie de Thémistocle. Corn. Nepos, ibid.