Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/426

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Disons donc qu’il faut s’abstenir de tout excès dans les ris et dans les larmes ; que tous les citoyens doivent s’avertir mutuellement de renfermer leurs transports de joie ou de chagrin, de faire toujours bonne contenance, et dans les succès, quand notre bon démon l’emporte, et aussi dans les revers, quand les démons contraire opposent à nos entreprises comme des montagnes insurmontables ; enfin de conserver la ferme confiance que les Dieux leur accorderont ce qu’ils ne manquent jamais d’accorder aux gens de bien, l’adoucissement des maux qui les affligent, le changement de leur condition présente en une meilleure, tandis qu’au contraire les biens qu’ils possèdent, loin d’être passagers, leur sont assurés à jamais. C’est en de telles espérances et ressouvenances qu’il faut passer sa vie, se les rappelant distinctement à soi-même et aux autres en toute occasion, dans les momens sérieux comme dans ceux d’amusement.

Tel est l’idéal de perfection que l’homme doit se proposer d’atteindre. Mais ces maximes sont moins humaines que divines ; il faut pourtant parler un langage humain, puisque nous avons affaire à des hommes, et non à des dieux. Le plaisir, la peine, le désir, voilà presque toute l’humanité : ce sont là les ressorts auxquels est