Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/453

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rait à souhaiter que tous vinssent dans notre colonie, n’ayant rien d’ailleurs l’un plus que l’autre ; mais comme cela n’est pas possible, et que celui-ci apportera avec soi plus de bien et celui-là moins, il est nécessaire, pour plusieurs raisons, et même pour mettre l’égalité dans les ressorts de l’État, que les cens soient inégaux, afin que dans la collation des charges, l’imposition des subsides et les distributions, chacun soit traité comme il doit l’être, non seulement d’après son mérite personnel et celui de ses ancêtres, la force et la beauté du corps, mais encore d’après les richesses et l’indigence, et que, par rapport aux honneurs et aux dignités, l’égalité étant établie entre les citoyens par un partage inégal en soi, mais proportionné à un chacun, il n’y ait point de dissensions à ce sujet. Pour cet effet, il nous faut partager les citoyens en quatre classes[1], en égard à leurs revenus. On les nommera premiers, seconds, troisièmes, quatrièmes, ou de telle autre manière qu’on jugera à propos ; et les uns resteront dans la même classe, les autres, de pauvres étant devenus riches, ou de riches pauvres, passeront dans une autre classe suivant leurs revenus. Je donnerais à cette loi la forme

  1. Comme Solon avait fait à Athènes ; liv. III, page 190.