Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/735

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aveu, se proposer dans toutes ses lois, est ici violé. Car la seule chose que nous examinons en chacune d’elles, est, si elles conduisent ou non à la vertu. Or, dites-moi, quand nous accorderions qu’il n’y a rien que d’honnête, rien du moins de honteux dans la loi qui autorise ce désordre, en quoi peut-elle contribuer à acquérir la vertu ? Fera-t-elle naître des sentimens mâles et courageux dans l’ame de celui qui se laisse séduire ? Inspirera-t-elle la tempérance au séducteur ? Est-il quelqu’un qui attende de pareils effets de cette loi ? Au contraire tout le monde ne s’accorde-t-il pas à concevoir du mépris pour la mollesse de quiconque s’abandonne aux plaisirs, et n’a point assez d’empire sur lui-même pour se contenir ; comme aussi à condamner dans celui qui imite la femme, sa honteuse ressemblance avec ce sexe ? Qui pourra donc consentir à faire une loi d’une telle action- ? Personne, pour peu qu’il ait idée de la vraie loi. Mais comment se convaincre de la vérité de ce que je dis ? Il est nécessaire de bien connaître la nature de l’amitié, celle de la passion et de ce qu’on appelle amour, si on veut envisager ces choses sous leur vrai jour. Car l’amitié, l’amour, et une troisième espèce d’affection qui résulte de leur mélange, étant compris sous un même nom, de là naît tout l’embarras et l’obscurité.