Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/952

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humeur violente que l’éducation a fortifiée : tels sont ceux qui pour les moindres offenses jettent de grandes clameurs, et exhalent leur colère les uns contre les autres par des torrens d’injures. Il ne convient pas de souffrir un tel désordre dans un État bien policé. Ainsi voici la loi générale que nous portons touchant les injures : Que personne ne maltraite de paroles qui que ce soit. Mais si on a quelque différent avec un autre, qu’on expose tranquillement ses raisons à son adversaire et aux assistans, et qu’on écoute les tiennes, s’abstenant de tout terme injurieux. Il arrive en effet qu’à la suite de ces imprécations dont on se charge réciproquement, et de ces propos grossiers dans lesquels on s’invective, comme des femmes, ce qui n’était d’abord qu’une dispute de paroles, chose assez légère, dégénère en des haines et des inimitiés très violentes. Car celui qui parle s’abandonnant à la colère, qui ne suggère que des choses désobligeantes, et la nourrissant de fiel et d’amertume, irrite, effarouche encore une fois cette partie de l’ame que l’éducation avait pris tant de peine à adoucir ; et pour prix d’avoir trop écouté son ressentiment, on vit en proie à une humeur sombre et chagrine. C’est encore une chose assez ordinaire alors de lâcher contre son adversaire des railleries qui font rire les assistans. Tous ceux qui se sont