Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/177

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SOCRATE.

Il est donc avantageux à ce grand nombre de ne rien savoir et de ne pas croire savoir, parce que ce qu'ils sauront ou croiront savoir, ils voudront l'exécuter, et qu'en l'exécutant, au lieu d'en tirer de l'utilité, ils n'en recevront que du préjudice.

ALCIBIADE.

Tu dis vrai.

SOCRATE.

Tu vois donc que je n'avais pas tort quand je disais tantôt qu'il pouvait se faire que toutes les sciences, sans la science de ce qui est bien, sont rarement utiles à ceux qui les possèdent, et qu'elles leur sont le plus souvent très pernicieuses. Tu ne sentais pas alors cette vérité ?

ALCIBIADE.

Non, pas alors, mais je la sens présentement, Socrate.

SOCRATE.

Il faut donc qu'une ville ou qu'une âme, qui veut se bien conduire, s'attache à cette science, comme un malade à son médecin, et comme celui qui veut arriver à bon port s'abandonne à un pilote. [147a] Car, sans elle et moins l'âme a reçu préalablement de salutaires instructions relativement aux richesses, à la santé, et aux autres